• Un barrage contre le Pacifique : un texte fondateur

         Le Barrage est un roman, c'est-à-dire  une fiction, tel que nous avons pu définir  ce genre littéraire en classe, en ouverture de la séquence qui lui est consacrée. Mais il appartient également à la "veine autobiographique" : c'est le premier livre de Marguerite Duras où la figure de la mère apparaît comme primordiale, au cœur même de l'oeuvre. C'est aussi le récit des lieux d'origine, l'Indochine, et de l'adolescence passée. Cette époque de sa vie, Marguerite Duras ne cessera de l'écrire et de la réécrire, d'abord dans L'Amant puis dans L'Amant de la Chine du Nord.

         Si Le Barrage s'appuie sur le réel, s'il s'inspire d'événements et de personnages authentiques, il n'en est pas moins le produit de l'imagination qui transpose la réalité, la déforme jusqu'à métamorphoser la mère en personnage mythique et sa défaite en tragédie.

            En 1950, au moment de sa parution, Un Barrage contre le Pacifique concourt pour le prix Goncourt. Mais quelle chance peut avoir ce roman qui dénonce la pourriture et l'injustice du système colonialiste au moment où la France mène une guerre en Indochine?                                                                                                                                                                                                          

    I- L'Enfance- 

    Un barrage contre le Pacifique : un texte fondateurUn barrage contre le Pacifique : un texte fondateurUn barrage contre le Pacifique : un texte fondateur

     

     

     

     

     

     

     

     

    Marguerite Donnadieu  naît en 1914 en Cochinchine ( au sud de l'Indochine française) à Gia-Dinh,près de Saigon. Son père , Henri Donnadieu, est professeur de mathématiques  et sa mère, Marie Legrand, est institutrice. Elle a deux frères : Pierre, de cinq ans son aîné, qu'elle considérera toujours comme le préféré de la mère, et "Paulo", le "petit" frère adoré qui a deux ans de plus qu'elle.

    En 1921, Henri est nommé directeur de l'enseignement primaire d'abord à Hanoï ( première photographie en haut à gauche) puis à Phnom Penh, capitale du Cambodge. La famille emménage dans la résidence de fonction qui lui est attribuée : une vaste demeure cernée d'un grand parc arboré entretenue par des domestiques. Les enfants y connaissent une vie tranquille, insouciante.

    En 1921, Henri Donnadieu rejoint précipitamment la France car il souffre d'importants problèmes de santé : dysenterie puis congestion pulmonaire. La famille apprend son décès par télégramme le 5 décembre 1921. Alors vont commencer pour la mère les innombrables déboires avec les lourdeurs puis la corruption de l'Administration française chargée des colonies et des protectorats. Ne parvenant pas à se faire payer sa pension de veuve et face aux difficultés financières, elle demande un congé pour rejoindre la France et s'installer dans la maison qu' elle a héritée de son mari. Brève parenthèse qui permettra à Marguerite, alors âgée de huit ans, de découvrir son pays d'origine. Mais le congé terminé, Marie doit retourner au Cambodge avec ses trois enfants.

                                                   Un barrage contre le Pacifique : un texte fondateur

    C'est une nouvelle vie qui commence, beaucoup plus modeste. Marie Donnadieu est nommée directrice d'une école de filles  dans une petite ville sur le delta du Mékong. Alors se développe en elle une obsession, comme un désir de revanche :  devenir riche.  Mais à la maison, les choses se compliquent : les garçons ont grandi, ils se disputent, se rebellent, la mère crie, Marguerite se réfugie dans la lecture et dans l'étude. Elle obtient son certificat d'étude avec les meilleures notes de l'académie. En 1926, enfin, la mère touche le premier versement de la pension de reconversion de son époux. Une seule idée : investir, faire fructifier cet argent, devenir riche. Elle décide alors d'acheter entre Réam ( devenu "Ram" dans le roman) et Kampot, un lopin de terre dont les cultures lui assureront de bons revenus. Une concession sur laquelle reposent tous ses espoirs. Elle confie ses économies - vingt ans d'économie- à des agents du cadastre peu scrupuleux qui spéculent sur les terres mises en vente par l'état. A cette veuve isolée, sans défense, sans appui, ils ont vendu des terres incultivables, inondées six mois par an par les eaux du Pacifique.


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