• I- Les Contes philosophiques de Voltaire

    Candide

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    Candide

     

     



     



     

     

        Les contes philosophiques de Voltaire  ne sont pas seulement des leçons de sagesse - Il faut cultiver son jardin- mais des  critiques virulentes contre l'intolérance et les injustices; ils abordent aussi bien des questions religieuses que politiques.

        Au XVIIIe siècle, de nombreux écrivains qui prennent des positions audacieuses sont obligés de déjouer la censure ou de s'exiler momentanément afin d'éviter les cachots de la Bastille ou du Donjon de Vincennes. On imprime les ouvrages séditieux à l'étranger, on publie anonymement ou sous un pseudonyme. Voltaire, esprit libre,  impertinent et subversif s'il en faut, passe rapidement maître dans l'art de l'esquive. Il est prêt à tout pour continuer à défendre la vérité, et il sera contraint de développer bien des stratégies au cours de sa longue vie de philosophe : il s'installe à proximité des  frontières avec la Suisse et la Savoie, prêt à fuir au moindre signe annonciateur de représailles. La Bastille, il y a goûté dans sa jeunesse ; ses Lettres Philosophiques ont été condamnées par le parlement et brûlées. Voltaire est disposé à nier la paternité de ses œuvres afin de rester libre et poursuivre ses combats. Après la mise en circulation du Dictionnaire philosophique, il écrit à d'Alembert, son ami :"Dès qu'il y aura le moindre danger, je vous demande en grâce de m'avertir afin que je désavoue l'ouvrage dans tous les papiers publics avec ma candeur et mon innocence ordinaires".

         Pour Candide, Voltaire adopte la même conduite et attribue la rédaction de l'ouvrage au frère de Candide et la traduction à un prétendu docteur Ralph. Comme on s'obstine à reconnaître sa plume dans ce petit récit ironique, il s'amuse à le désavouer : " Qui sont ces oisifs qui m'imputent cette plaisanterie d'écolier (...).  J'ai vraiment bien d'autre chose à faire". ( Lettres à Formey et Thériot, 1759). Au pasteur Vernes, il écrit :"Il faut avoir perdu le sens pour m'attribuer cette coïonnerie; j'ai, Dieu merci, de meilleures occupations."

    II- Candide ou l'optimisme :

    Candide

    Le sous-titre de Candide se réfère à la philosophie de Leibniz, philosophe et mathématicien allemand. Sa démonstration de la comptabilité du mal avec l'existence de Dieu s'oppose à la doctrine chrétienne :

    Justification du mal dans la religion catholique :

    • L'Homme a commis la faute originelle. Déchu, il est chassé du Paradis.
    • Dieu inflige une punition à l'homme pécheur : il gagnera son pain à la sueur de son front et sa compagne enfantera dans la douleur.
    • Il faut obéir aux autorités auxquelles Dieu a ici-bas délégué son pouvoir pour ne pas faire obstacle à la volonté divine.

    Justification du mal dans la philosophie optimiste :

    Leibniz, en 1710, élabore un véritable système qui rencontre un immense succès dans toute l'Europe. Ce système s'accorde avec la suprématie de la raison et de la logique à l'époque des Lumières:

    • Si Dieu existe, il est parfait, et il est seul parfait (sinon, ce ne serait pas Dieu). 
    • Tout ce qui n'est pas lui est nécessairement imparfait
    • Dieu est aussi tout puissant, toute bonté et justice, toute sagesse
    • Donc si Dieu existe, s'il est parfait, toute sagesse et justice, il a voulu et pu (puisqu'il est toute puissance) créer le moins imparfait des mondes possibles
    • D'où le nom de la théorie, qui vient du latin optimum (le meilleur)
    • Le monde est imparfait, mais par conséquent "le meilleur des mondes possibles".
    • Le mal apparent peut cacher un bien plus important, mais nous sommes d'infimes créatures dans l'univers de Dieu et nous ne pouvons pas comprendre les intentions de Dieu. Elles ne sont pas à notre portée.
    • Nous trouverions une explication et une justification si nous étions capables de voir l'ensemble. L'ordonnance harmonieuse du monde échappe à l'entendement du commun des mortels  :"Les phénomènes les plus déconcertants trouvent donc leur justification, vus d'en haut, et sont réglés selon une ordonnance précise et harmonieuse qui échappe au commun des mortels. Un mal apparent peut cacher un bien : ce jeune garçon qui vient de mourir serait devenu assassin ; cette maison a pris feu, mais elle cachait sous ses ruines un trésor immense, etc." Collection Profil Littérature, dirigée par G.Décote, Hatier.) 

    "La Providence", c'est alors le sage gouvernement de Dieu sur sa création

    III- Voltaire : un optimiste repenti

    Candide

    Candide

    CandideCandideCandide

      Voltaire fut à une époque de sa vie leibnizien. Il met d'ailleurs, dans la bouche de Pangloss, certaines phrases qu'il a lui-même écrites, en les modifiant juste assez pour que le grotesque en apparaisse: "Ce qui est mauvais par rapport à nous est bien dans l'arrangement général" (1738)

    Ce qui donne chez Pangloss :" Les malheurs particuliers font le bien général" ( chap.4)

    Mais Candide se nourrit de toute l'expérience d'une vie. Voltaire connait d'abord la gloire, ses livres  rencontrent un grand succès, il est reçu à la cour, dans les meilleurs salons, ses affaires personnelles et sa fortune prospèrent. En bon philosophe des Lumières, il croit au bonheur et au progrès.

    Mais peu à peu Voltaire sombre dans le pessimisme. La situation politique de la France, des catastrophes naturelles, des malheurs et des désillusions personnelles vont profondément l'atteindre : de nombreuses guerres se succèdent, où règnent la violence, la cruauté, l'absurdité. Son amie Madame du Châtelet meurt. Son expérience prussienne auprès de l'empereur Frédéric II tourne mal. Puis survient le désastre de Lisbonne. Pour lui, la Providence ne peut exister : rien ne peut justifier de telles catastrophes! 

    IV- Les Personnages :

    1. Onomastique :

    2.  Qui suis-je? :

    1. Je suis le précepteur de Candide, j'aime philosopher à propos de tout en considérant que tout est bien dans le meilleur des mondes. Même les pires catastrophes n'ébranlent pas ma foi en l'optimisme.
    2. Je suis un savant philosophe pessimiste qui accompagne Candide dans son voyage. Je me considère l'homme le plus malheureux du monde : j'ai été volé par ma femme, battu par mon fils, et abandonné par ma fille qui s'est fait enlever par un portugais. Lorsque je rencontre Candide, je viens de perdre le petit emploi duquel je subsistais et je suis persécuté par les prédicants de Surinam.
    3. Je suis une entremetteuse qui aide Candide et Cunégonde tout au long de leur périple. Je suis la fille du pape Urbain X. A quinze ans, j'ai vu mon fiancé mourir devant moi, empoisonné. J'ai ensuite été enlevée avec ma mère par des corsaires qui nous ont fait subir d'horribles souffrances, puis l'italien qui m'avait finalement sauvée m'a vendu au dey d'Alger. Par la suite, je suis devenue l'esclave de plusieurs maîtres. Au siège d'Azof, j'ai failli être mangée, avec les autres  femmes, par des guerriers turcs affamés. Mais ils se sont contentés d'amputer chaque femme d'une fesse dont ils ont fait leur repas.
    4. Je suis la grande passion de Candide. Par ma faute, Candide est chassé  du château où nous vivions. J'ai été violée et éventrée. Après m'avoir cru morte, il me retrouve à Lisbonne. A cause de moi, il connait de nouvelles mésaventures : il manque d'être poignardé et tue deux hommes.
    5. Je suis un valet débrouillard, je suis embauché par Candide à Cadix et le suit jusqu'au Paraguay.
    6. Je suis un jeune homme doux et naïf.  J'ai le jugement assez droit mais l'esprit le plus simple. Les domestiques du château me soupçonnent d'être le fils bâtard de la sœur de Monsieur le Baron.

    V- Les péripéties :

    1. Le parcours de Candide :

    • Parmi ces différents lieux, lesquels n'ont jamais été visités par Candide? (2 intrus)

    Lisbonne, Buenos Aires, Brésil, Westphalie, Paraguay, Portsmouth, En mer, Angleterre, le château de Thunder-ten-tronckh, la Hollande, Cadix, Eldorado, Venise, Genève, Espagne, Constantinople, la métairie, Surinam, Hollande.

    • Une fois extraits les deux intrus, remettez ces différents endroits dans l'ordre, selon le parcours effectué  par Candide du début à la fin du récit.
    • Quels sont les  trois endroits où Candide  a connu le bonheur?

    2. Les événements clés :

    • A quels chapitres ou péripéties ces différentes vignettes correspondent-elles?

    Candide

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    VI - Une oeuvre de son temps

    Différentes préoccupations obsèdent Voltaire au moment où il écrit Candide.

     - Renseignez-vous sur ces faits : où? Quand? Comment?

     - Retrouvez-les en indiquant dans quels épisodes ces sujets sont évoqués, pour être dénoncés ou exploités contre cet optimisme désespérant qui condamne l'individu à l'inertie morale et le prive de son libre arbitre.

    • La guerre de Sept Ans.
    • Le tremblement de terre de Lisbonne
    • Le Fanatisme Religieux
    • L'Esclavage

    VII- Interprétation :

    • D'après vous, quelle est l'utilité du chapitre sur l'Eldorado?
    • Quels sont les derniers mots prononcés par Candide à la fin du conte? Comment les interprétez-vous?

    VIII- Citations :

    "l'amour, le consolateur du genre humain, le conservateur de l'univers, l'âme de tous les êtres sensibles". (Chap.4)

    "Les malheurs particuliers font le bien général, de sorte que plus il y a de malheurs particuliers, et plus tout est bien." (chap.4)

    "Qu'est-ce qu'optimisme? disait Cacambo.

    - Hélas! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal." (chap. 19)

    "Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe." (chap. 19)

    "Dans ce pays-ci il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour encourager les  autres." (chap. 23)

    "Le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice, et le besoin." (chap. 30)

    "Il faut cultiver notre jardin". (chap. 30)

       "La fin de Candide est ainsi pour moi la preuve criante d'un génie de premier ordre. La griffe du lion est marquée dans cette conclusion tranquille, bête, comme la vie." ( Gustave Flaubert, Correspondances, 1852)

     

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