• Pour les élèves qui ne disposent que de la première partie de la prise de notes sur

     Race et Histoire, de Lévi-Strauss

     

    Claude Levi-Strauss : Race et Histoire

    I- Une prise de position explicite de l’auteur

    II- L’origine de l’ethnocentrisme

    III- Le barbare est celui qui croit en la barbarie

     

    II- L’origine de l’ethnocentrisme :

    Pour expliquer la difficulté qu’ont les hommes à admettre la différence (raciale, culturelle)  Lévi-Strauss emploie deux arguments illustrés par des exemples concrets :

    1) premier argument : l’attitude la plus ancienne consiste à répudier toutes formes culturelles trop éloignées des nôtres. (l. 6 à 10).

    - Les différents intensifs montrent à quel point cette attitude est ancrée dans notre société : l’attitude la plus ancienne, fondements psychologiques solides, chez chacun de nous.

    - pour illustrer son propos, l’auteur  va utiliser plusieurs exemples :

    ·         Exemple personnel : il cite entre guillemets des remarques courantes que nous avons tous pu entendre ou prononcer, quand il s’agit de qualifier « l’autre » (celui qui n’est pas comme nous) : «  Habitudes de sauvages », « cela n’est pas de chez nous », « on ne devrait pas permettre cela » (l. 10) On remarquera que toutes sont négatives  (ne…pas) ou péjoratives (sauvages). L’emploi de « nous » permet d’associer le lecteur pour l’amener à réfléchir sur ses propres croyances et préjugés. L’auteur s’inclut, car c’est une question culturelle (Lévi-Strauss lui-même appartient à la culture occidentale) et non personnelle.

    Parce qu’on ne la comprend pas, parce qu’elle ne nous ressemble pas, nous éprouvons de la répulsion pour la différence.

    ·         Exemple historique (considéré comme un  fait avéré et donc véridique) : L’Antiquité pratiquait déjà cette discrimination. Elle qualifiait de « barbare » et de « sauvage » tout ce qui n’appartenait pas à la culture grecque (l.13). Or, le lien entre ces deux mots est qu’ils désignent tous les deux ce qui n’appartient pas à la « culture », considérée comme développée, mais ce qui relève de la « nature », considérée comme « non développée », donc inférieure.  Le mot  « barbare » se réfère étymologiquement à la confusion et à l’inarticulation du chant des oiseaux, opposés à la valeur signifiante du langage humain »  (l. 16); sauvage, qui veut dire « de la forêt », évoque aussi un genre de vie animale, par opposition à la culture humaine (l.17).

    On refuse donc depuis l’Antiquité de reconnaître la diversité culturelle, qu’il puisse exister plusieurs cultures se valant : on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit.

     

    2) deuxième argument : de là le deuxième argument ; Il tend à montrer que c’est justement cette attitude qui consiste à nier toute culture, voire toute humanité aux étrangers, « aux différents » qui est barbare et sauvage. (l 23 à 26).

    - l’adverbe « justement » appuie sur le paradoxe, l’absurdité  de cette attitude.

    - La notion d’humanité englobant tous les humains sans exception, quelles que soient leur race, leur culture, leur religion, est d’apparition tardive, et le fait de civilisations développées. Donc ceux qui ne croient pas en « l’humanité » de tous les hommes se comportent comme des individus appartenant à des sociétés primitives.

    ·         Exemple historique : même dans les civilisations développées, c’est dans les périodes de grande barbarie que la négation et le refus de la différence réapparaissent : Là même où elle semble avoir atteint son plus haut développement, il n’est nullement certain- l’histoire le prouve- qu’elle soit établie à l’abri des équivoques ou des régressions. (l. 28 à 30). L’auteur fait référence au nazisme (antisémitisme et Shoa, extermination des gitans, des handicapés…)

    ·         Exemple scientifique basé sur le témoignage d’anthropologues : pendant des dizaines de millénaires, de vastes fractions de l’humanité : généralisation, longtemps et presque partout, l’humanité se termine là même où se termine la tribu, le groupe : L’humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village  (l. 31) 

    - on remarque que les membres du groupe sont désignés par des mots mélioratifs : les hommes, les bons, les excellents, les complets…

    - les autres sont nommés par des termes dégradants, on va jusqu’à nier leur humanité, « mauvais, méchants, singes de terre, œufs de pou, voire leur existence : fantôme, apparition (l. 38).

    ·       Troisième exemple : anecdote : imagée, à la fois drôle et tragique : elle marque le lecteur et montre l’absurdité d’une telle conception ; Ainsi se réalisent de curieuses situations où deux interlocuteurs se donnent cruellement la réplique. Dans les grandes Antilles, quelques années après la découverte de l’Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d’enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une âme, ces derniers s’employaient à immerger des Blancs prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée si leur cadavre était, ou non, sujet à la putréfaction (l. 39 à 43).

    - le parallélisme effectué entre les indigènes et les européens, chacun cherchant à éprouver  « l’humanité » de l’autre, les place sur le même pied. Les espagnols civilisés ne semblent pas plus intelligents que les indigènes. L’indicateur temporel « pendant que », et les propositions de but «  pour rechercher si/ afin de vérifier par » accentuent cet effet de similitude.

     

    III- Le Barbare est celui qui croit à la barbarie

    1) L’auteur condamne explicitement cette attitude ethnocentrique qui refuse le pluralisme culturel :

    - il emploie des mots qui discréditent cette thèse : réactions grossières (11), ce point de vue naïf (21) paradoxe (23 et 44 = privé de bon sens), l’attitude la plus marquante et la plus distinctive de ces sauvages mêmes (25), anecdote baroque (dans le sens de fantasque, qui paraît irréelle)  et tragique (44)

    2 Le paragraphe conclusif :

    - Les deux arguments relevés dans la partie précédente aboutissent à une conclusion explicite, car nous sommes bien dans une argumentation directe : en refusant leur humanité à ceux que l’on considère comme barbares ou sauvages, on se comporte exactement comme eux. L’auteur le formule comme une sentence, une maxime, qui prend valeur de vérité, avec l’article défini et le présent de vérité générale : Le barbare, c’est d’abord l’homme qui croit à la barbarie.

     

     

    L’auteur réfute l’ethnocentrisme et la notion même de racisme.


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