• Synthèse sur les lectures cursives

     

    Quel est l'intérêt de ces réécritures?

    Nous avons vu que les mythes et légendes sur les filles des eaux sont nombreux et qu'il traversent les époques et les frontières.  Quel est l'apport d'Andersen, de La Motte-Fouqué et de Giraudoux?

    • Légendes et mythes : les sirènes et les Ondines apparaissent comme des êtres maveillants, comme des sorcières qui envoûtent les hommes pour les conduire à leur perdition. Chez Homère, par exemple, les sirènes sont des monstres mi-femmes mi-oiseaux qui charment les marins par leur chant et les attirent sur les rivages où il viennent s'échouer et mourir. La Loreleï séduit également les navigateurs par le son mélodieux de sa voix et ses longs cheveux qu'elle peigne, du haut de son rocher. Les navires se brisent à ses pieds.
    • Ondine- 1811 : La Motte-Fouqué est le premier a effectué un changement essentiel: Ondine change de nature et se transforme en un être bienveillant, innocent, une enfant qui rêve d'amour et d'avoir une âme. Ce sont les hommes qui sont inconstants et infidèles. La Motte-Fouqué, au moment de l'écriture, venait de divorcer d'avec son épouse. Il avait vécu cette situation de l'homme torturé entre deux femmes et éprouvait des remords. Il utilise le merveilleux pour mettre en évidence la fragilité et l'imperfection des humains, comme on a recours à l'utopie pour dénoncer les travers d'une société réelle. Auteur romantique par ailleurs, il prend le parti de la nature et des êtres merveilleux qui  l'habitent : la nixe incarne alors la pureté originelle tandis que ce sont les humains, comme Bertalda, qui représente la duplicité et le perversion des sirènes.
    • La Petite Sirène- 1837 : La petite sirène d'Andersen va bénéficier de cette nouvelle image. Elle est également puérile, pure, amoureuse des hommes puis d'un homme. Celui-ci n'a pas la brutalité ni l'ingratitude du chevalier de La Motte-Fouqué. Il ignore totalement ce qu'il doit à la petite sirène. Mais ce que l'on retient de ce conte, c'est l'esprit et le goût du sacrifice de l'héroïne, qui préférera disparaître plutôt que de tuer le prince, ainsi que le réclame le peuple de la mer.
    • Ondine, Giraudoux- 1939 : Giraudoux va encore plus loin. Ondine n'est plus à le recherche d'une âme car elle  possède une âme plus vaste que celle de l'humanité toute entière. Elle ne fait pas partie de la nature, elle EST la nature. De ce fait, elle a plus "d'âme" que les hommes qui se sont éloignés de la nature et même, l'ont corrompue. En réalité, on peut considérer que c'est l'inverse, et que c'est le chevalier qui gagne un supplément d'âme au contact d'Ondine. Giraudoux a fait de lui un lourdaux, qui ne pense qu'à manger, boire, qui ne se préoccupe que de son rang et de sa place à la cour. Berta lui ressemble. Elle est ingrate et égoïste.

             De là, l'incompatibilité entre Hans et Ondine : elle est féérique, il est prosaïque, terre à terre.                Elle est toute entière, spontanée, sincère, il est calculateur. Elle ne cherche que la vérité ( cf.                  l'épisode à la cour, la laideur du poète et la verrue du roi), il pense que toute vérité n'est pas                  bonne à dire. Le malheur pour Ondine, est qu'elle VOIT ce que les humains ne voient pas : elle            découvre donc rapidement que ce monde est celui du mensonge et de l'infidélité. Hans lui ne             voit rien . Comme le dit la reine Yseut, Ondine est la lumière, il aime une blonde. Ondine est la            beauté, il s'est épris dune jolie femme. Tout est petit chez le chevalier, tout est limité.

             Si la Petite Sirène d'Andersen a emprunté à Ondine  de la Motte-Fouqué sa pureté et sa                          bienveillance, l'Ondine de Giraudoux a hérité du goût du sacrifice de la Petite Sirène. Mais en               vain. Elle devra perdre son amour car le pacte est irrévovable.

             Ce dénouement tragique  a trois fonctions :

    • Il nous montre la difficile communication entre les êtres, à cause de leur dissimulation et de leurs mensonges.
    • Il nous prouve également que nous ne pouvons pas atteindre l'idéal, la perfection incarnée par Ondine. Mais la perfection rend-elle heureux? 
    • Enfin, il questionne l'image de l'amour absolu, l'amour d'une vie. Vision bien pessimiste de l'auteur, au moment où l'Europe vit sous la tension des prémices de la seconde guerre mondiale.

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