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La sorcière en Littérature et au cinéma
Du mythe à la réalité : comment les "sorcières" sont-elles devenues source de persécution?
- Les Sorcières de Salem- Arthur Miller
- Les Sorcières d'Eastwick- John Updike
- La Sorcière- Michelet
- Macbeth : Shakespeare
http://causes.centerblog.net/252-les-3-sorcieres-macbeth
Analyse[modifier | modifier le code]
Le Mal[modifier | modifier le code]
Les Sorcières, prêtresses du Mal[modifier | modifier le code]
Les 3 sorcières sont les émanations d'un même principe. Le chiffre 3 rappelle les Parques de la mythologie romaine (ou les Moires grecques avant elles) : ces divinités maîtresses de la destinée humaine, de la naissance à la mort, sont généralement représentées comme des fileuses mesurant la vie des hommes et tranchant le destin.Ici, les sorcières jouent sans cesse comme des enfants, entre rite et comptine. Quand la forme est ludique, le fond est plus noir.
(LES TROIS SORCIÈRES)
Les Folles Sœurs, main dans la main, 1
Voyageuses par mer et terre,
vont alentour à tous chemins ;
Trois fois pour toi, et trois pour moi,
Encore trois fois faisant neuf fois.
Paix ! car le charme va se faire.
Ces créatures prennent un malin plaisir à commettre le mal. Elles n'agissent que par sadisme, tandis que les Parques antiques sont neutres et dépassionnées. Leurs apparitions sont littérairement informes, déshumanisées, tandis que leur barbe défie les lois de la nature. Shakespeare veut souligner la dimension inhumaine du Mal : le Mal est étranger à l'humanité, dans une optique similaire à celle des futures Lumières.
Les sorcières prédisent-elles l'avenir ? Par préméditation, elles rencontrent Macbeth afin de lui annoncer qu'il deviendra roi. A-t-on vraiment affaire à une parole prophétique ? En vérité, elles n'ont aucun pouvoir oraculaire, mais voient en Macbeth une possibilité de faire émerger les ténèbres du mal. Le motif de la tentation du personnage éponyme rappelle le motif du serpent biblique : un agent extérieur lance l'action mauvaise.
Shakespeare utilise dans le texte original les termes de "weird sisters", que l'on peut traduire en français par sœurs folles, étranges, fatales, etc. Pierre Jean Jouve souligne qu'elles sont des "expressions du destin" ; le terme de "Sœurs fatales" est donc bien approprié mais il se permet de traduire par "folles" selon le contexte (le passage ci-dessus provient de sa traduction, édition Flammarion). Dans la mythologie scandinave, on parlerait de Nornes ou de géants (jötunn). Ce point étymologique illustre le génie synthétique de Shakespeare. La folie a une dimension pathologique qui heurte la raison : ces 3 sœurs ont des desseins impénétrables. Macbeth est peut-être un drame du malentendu.
Dans la troisième scène de l'acte III, Macbeth délègue le crime à 3 personnes comme les 3 sorcières : il concrétise la triple apparition des sœurs dans le monde réel. Il entend reprendre la main sur la domination de la Trinité maléfique : il dirige désormais les 3 meurtriers.
Macbeth face aux forces du mal[modifier | modifier le code]
Dans la deuxième scène de l'acte I, le portrait de Macbeth est indirect : c'est principalement par les paroles du Capitaine devant le roi Duncan qu'il s'établit ("Macbeth le brave"). Guerrier loyal et courageux, Macbeth est animé par des idéaux qui dépassent sa simple personne. Le personnage a les traits du héros chevaleresque et valeureux. ; il n'a donc aucune prédisposition à la traîtrise. Mais il reste capable d'une grande violence, ce qui n'est pas sans étonner la capitaine. Homme tout vertueux soit-il, il peut verser le sang ; il s'agira toutefois d'une violence légitime, à des fins héroïques. Le roi Duncan insiste sur le "goût de l'honneur", comme si le meurtre pouvait être honorable. Peut-être doit-on y voir une ironie de la part de Shakespeare à louer un Macbeth barbare. Apparemment, le mal qu'accomplira Macbeth ne semble répondre à aucune nécessité. Tout porte à croie que s'il n'avait pas rencontré les sorcières, il aurait continué de mener une vie de loyal vassal.
Elles lui révèlent qu'il deviendra seigneur de Cawdor. Il n'est pas vraiment réjoui par la prophétie car elle sous-entend la disparition du roi et cela le navre : "pourquoi dois-je céder à l'idée dont l'image d'honneur hérisse mes cheveux ?", acte I, scène III. Au fond de lui germe sans doute le désir de l'ambition : il a recours à des circonvolutions qui distillent le doute.
(Macbeth) Si me veut roi Fortune, sans que je bouge, peut me couronner Fortune.
Il veut conserver son allure héroïque car il ne souhaite pas la mort du roi mais simplement accepter le destin. Il s'agit peut-être plus d'un prétexte que d'une résignation et d'une acceptation de la destinée. Mais par définition une prophétie doit s'accomplir ; Macbeth n'a aucune raison d'assassiner le roi ; il n'a qu'à attendre que le destin advienne. Sa posture d'impartialité est donc plus que discutable. Shakespeare laisse entendre que la vilenie n'est pas un monopole de classe : l'héroïsme de la noblesse, en la personne de Macbeth, est factice.
(Macbeth, I, VII) Nous n'irons pas plus loin dans cette affaire.
Il entend se convaincre de se désengager comme si la parole était magique. Il pressent qu'il a beaucoup à perdre dans cette affaire, à moins qu'il ne soit une âme vertueuse luttant sans cesse contre le mal (combat du vice et de la vertu).
(Sorcière 3, I, III) Très grand salut, Macbeth ! qui plus tard seras roi.
Le futur confère à la parole une dimension prophétique (ce qui adviendra nécessairement). Macbeth se pose la question de la manière dont la prophétie adviendra. Il répond par la nécessité : en assassinant le roi. Il pèse le pour et le contre, tergiverse ; on retrouve le motif shakespearien de l'hésitation.
On peut s'étonner qu'il presse le roi chez lui. Duncan tient à rappeler que seul son fils sera roi pour éviter que les vassaux n'aient des envies de pouvoir. Macbeth en sort amer : il pensait que, par gratitude, il succéderait à Duncan. Il se rend compte que la prophétie ne se réalisera pas d'elle-même ; il doit provoquer le destin.
Lady Macbeth, pourfendeuse des doutes[modifier | modifier le code]
En Macbeth combattent gratitude et ambition, respect des règles et désir de transgression. Dans l'affaire, il pourra compter sur la détermination indéfectible de son épouse. Lady Macbeth sent que son époux est tiraillé entre le désir et le devoir ; elle sait qu'il n'est pas doué pour l'action. D'un point de vue actanciel, sa tirade est un élément déclencheur. On retrouve ici le topos chrétien de la femme tentatrice qui pervertit l'homme naturellement bon comme Ève envers Adam. Lady Macbeth semble invoquer des esprits maléfiques. Elle entend se détacher de ses attributs de maternité pour devenir un vecteur de cruauté. Elle se métamorphose en homme pour combler les manques de virilité de son époux.
L'origine du Mal[modifier | modifier le code]
La plupart des doctrines philosophiques et religieuses de l'époque situaient l'origine du mal dans des forces extérieures qui s'emparaient et corrompaient les âmes. Il semble que le point de vue de Shakespeare soit diamétralement opposé : le mal est en l'homme, comme le ver est dans le fruit, c'est-à-dire inhérent à notre condition.
- Les Métamorphoses- Ovide
- Préhistoire de la sorcière : https://journals.lib.unb.ca/index.php/flor/article/viewFile/14436/20264
- Les contes de Grimm
Bibliothèque de contes :http://www.instits.vivre-aujourdhui.fr/contes.html
Bibliothèque Nationale de France : http://expositions.bnf.fr/contes/arret/ingre/indfees.htm
Mythologie: Médée
L'Odyssée : Circé
La sorcière dans les séries et au cinéma :
https://www.lesinrocks.com/2016/06/18/cinema/sorciere-cinema-series-15-dates-cles-11847151/
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