• LA; Le Dieu du Carnage (2)

    LA. Le Dieu du Carnage- 2 : Le dénouement

    Situation du passage : La scène que nous allons commenter intervient à la fin de la pièce et correspond aux premières répliques du dénouement. La situation s’est dégradée, les conflits se sont exacerbés et les personnages commencent à abandonner toute règle de bienséance.

    Problématique : En quoi ce dénouement conduit-il la violence à son paroxysme ?

    Annonce du plan :

    Nous verrons tout d’abord que le comique devient farcesque, privant chacun des couples de sa dignité.

    Nous analyserons par la suite la personnalité des personnages qui semblent régresser brutalement.

     

    I- Une scène farcesque :

    1. Des personnages excessifs :

    - dans leur comportement : les gestes deviennent violents :

    ·         Didascalies : (10) Véronique (se saisit du sac d’Annette et le balance vers la porte) ; Annette (88) (Elle fait mine de partir puis revient vers les tulipes qu’elle gifle violemment. Les fleurs volent, se désagrègent et s’étalent partout). Le verbe « balance » , de registre familier, indique implicitement l’esprit belliqueux de Véronique, son énervement et l’abandon des bonnes manières.  L’adverbe violemment et les verbes de l’énumération ternaire, gifle,  volent, se désagrègent, montrent également la brutalité du geste.

    ·         Les didascalies internes contenues dans certaines  répliques nous renseignent aussi sur la dégénérescence du conflit, au départ mineur : (13) Michel : Elles sont déchaînées ; (72) Alain Nous le sommes tous sur le mode hystérique.  (84) Alain utilise une métaphore hyperbolique et satirique pour décrire l’attitude de Véronique : Elle hurle (lexique fort). Quartier-maître sur un thonier  au dix-neuvième siècle !

    2. Un langage vulgaire :

    - On passe rapidement d’un registre de langue courant à un registre familier voire grossier : Foutez le camp (10) ; La ferme !(16) ; Oh tu fais chier (23) ; je me torche avec ! (43) ; Un petit coup de gnôle (44) ; on se fout royalement(83) ; On en arrive même aux insultes : petit connard ; petit pédé (85,86)

    3. Des réactions qui soulignent la démesure de la scène :

    - Michel et Véronique s’interrogent. Leurs questions rhétoriques montrent leur incrédulité face à la situation : ((4) Vous êtes sérieuse ? (6) Vous pensez ce que vous dites ? (13) Mais qu’est-ce qui se passe ?

    - Des sentiments extrêmes révélés par un lexique fort ou un superlatif : (27) Véronique : Je suis épouvantée ; (49) Annette (avec détresse). (90) Annette : c’est le pire jour de ma vie Didascalie finale : Un long temps de stupeur.

     

    II- L’évolution des personnages : une régression brutale :

    1. Un retour à l’enfance :

    - Annette est Véronique adoptent un comportement puéril et se disputent comme deux enfants dans une cour de récréation.

    ·         L’attitude d’Annette : didascalies « (comme une petite fille) ; (ramassant ce qui peut être éparpillé).

    L’appel à l’aide d’Annette : (14) Alain, au secours ! (16) Défends-moi, pourquoi tu ne me défends pas ? 

    ·         + le ton protecteur et paternel d’Alain (59) : Calme-toi toutou  ainsi que celui de Michel (1) : (retirant la bouteille de rhum de la portée d’Annette) ça suffit.

    ·         Véronique agit aussi de façon infantile : elle imite Annette : (15) Alain-au-secours et elle sautille du contentement d’avoir raison (46) : Je te l’avais dit ! Je te l’avais dit !( comme l’interjection : nananère !)

    2. La chute des codes moraux :

    - Les quatre personnages apparaissent comme désinhibés : les masques tombent et chacun révèle son vrai visage : (27) pourquoi te montres-tu sous ce jour horrible ? (44) le vrai visage apparaît ; (67) Vous êtes plus crédible  quand vous vous montrez sous un jour horrible.

    ·         Michel : être primaire et raciste : ça déteint sur tout maintenant ton engouement pour les nègres du Soudan.+ se moque en réalité des valeurs défendues par son épouse : Oh tu fais chier Véronique, on en a marre de ce boniment simpliste !

    ·         Alain : cynique et sexiste : présente les femmes engagées de façon caricaturale généralisante : votre amie  Jane Fonda, la même espèce, la même catégorie. Il oppose de façon antithétique le champ lexical de l’engagement, de l’intellect, au champ lexical de la sexualité auquel il rabaisse les femmes ; femmes investies, solutionnantes, clairvoyance, gardiennes du monde/ la sensualité, la folie, les hormones. Il appuie son propos machiste en considérant les hommes comme un groupe homogène opposé aux femmes, en droit de décider de ce qui est bon en elles ou pas ! Ce n’est pas ce qu’on aime chez les femmes, ce qu’on aime chez les femmes c’est (…) même lui ce pauvre Michel est rebuté

    ·         Annette : hypocrite. Avoue finalement  qu’elle ne partage pas l’opinion de Véronique sur la culpabilité de son fils  (lignes 2, 9, 84).+ répliques de Véronique : Elle est fausse cette femme (48) + C’est une arrondisseuse d’angles. En dépit de ses bonnes manières (60).

    De plus, la femme bon chic bon genre laisse place à une ivrogne vulgaire : (38) je veux me saouler le gueule, je veux être ivre !  (…) (86 ): Au moins on n’a pas un petit pédé qui s’écrase ! (38) cette conne balance mes affaires ; (43) vos droits de l’homme je me torche avec.

    ·         Véronique : Malgré ses revendications humanistes et pacifistes, elle se montre aussi agressive et insultante que les autres : foutez le camp !   (82) Vous êtes un homme dont on se fout royalement de l’avis !  (85) son petit connard.

    Elle confirme également ce sentiment de supériorité  qu’elle finit par revendiquer : je sens ça tout de suite chez les gens ; j’ai un feeling pour ce genre de choses. Les 3 autres ironisent à ce propos : Michel : la meilleure d’entre nous ! Alain : Vous la connaissiez depuis un quart d’heure mais  vous saviez qu’elle était fausse. Annette : (elle nous impose) des cours de citoyenneté planétaire.


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