• I- Comment définir le conte?

    • Il est d'usage de chercher à définir le conte en le comparant à d'autres genres qui lui sont proches, mais dont la confrontation permet d'établir des caractéristiques et des limites propres à chacun d'eux : le conte, le fantastique et la science-fiction apparaissent comme le résultat d'une convention qui incite le lecteur  à croire au surnaturel ou à l'invraisemblable, et à admettre ou à envisager ce qui n'existe pas comme vrai.

     

    Les Contes d'Andersen

    • Le fantastique est marqué par l'irruption du surnaturel dans un cadre réaliste, quotidien. Il pose un questionnement sans fin, où personnage et lecteur hésitent entre deux interprétations :  une explication logique, rationnelle, ou l'acceptation de ce qui échappe à la raison. "En fait, le personnage soumis à l'épreuve de l'événement fantastique connaît les lois naturelles comme il admet le surnaturel : la difficulté est, pour lui, de donner une assiette à un événement qui, improbable et pourtant incontestable, semble échapper à la fois à ces deux ordres de légalité. Perplexité, le fantastique est liberté : l'esprit n'est pas obligé de se soumettre aux impératifs de la raison, il ne lui est pas davantage demandé de capituler devant le surnaturel, il peut hésiter, vagabonder, affranchi de toute mise en demeure". (Wladimir Troubetzkoy)

     

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    • Le conte merveilleux renvoie au contraire à un autre univers, qui n'est pas celui du lecteur, qui a sa cohérence propre.  Il est non thétique, c'est à dire qu'il ne pose pas la réalité de ce qu'il représente, "il enchante d'être fait de ce qui n'est pas". (W. Troubetzkoy). "Pénétrer dans l'unvers du conte, c'est entrer dans un monde codifié : le lecteur accepte le merveilleux et ne s'étonne pas de croiser des fées et sorcières, de rencontrer un chat botté capable, d'un seul pas, de franchir sept lieues, d'accompagner une petite sirène à la surface des eaux...la magie y est une pratique courante!" (Mariel Morize-Nicolas)

     

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    • La science-fiction, comme son nom l'indique, intègre dans l'histoire des données scientifiques futuristes, une technologie plus avancée que la nôtre qui permet de transgresser les frontières de l'espace et du temps. Elle a souvent pour rôle d'attirer notre attention sur les dangers que court notre civilisation si nous ne mettons pas un terme à nos déviances, en nous immergeant dans un avenir sombre et déshumanisé, comme dans les dystopies par exemple. (cf. Le Meilleur des Mondes, que vous aviez à lire pendant les vacances).

     

    • Caractéristiques du conte littéraire :

     

    - il vient du folklore ou s'en donne l'apparence

    - il utilise de nombreuses marques d'oralité ( exhibant ses origines)

    - le merveilleux en est souvent un ingrédient obligé

    - il possède des personnages stéréotypés

    - ses repères spatio-temporels sont extrêmement flous

    - le récit est basé sur un schéma narratif ( élaboré à partir de l'étude des contes par le linguiste Propp) souvent similaire : situation initiale, élément perturbateur, péripéties, élément de résolution, situation finale.

    - le schéma actantiel  (conçu par Greimas, linguiste et sémioticien russe) permet d'établir les relations entre les personnages. Il existe plusieurs schémas actantiels dans un conte, selon le déroulement des étapes et le personnage choisi comme sujet.

    Voici ci-dessous deux tableaux effectués par Florence Gindre et que vous pouvez retrouver sur son site :

    http://www.florencegindre.fr/2015/02/le-schema-actantiel/

     

    Les Contes d'Andersen

     

     

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    II- Petite histoire du conte merveilleux

    • Le conte et le récit fantastique apparaissent en littérature à la fin du XVIIe siècle, pour le premier, et à la fin du XVIIIe et au début du XIXe, pour le second, parallèlement au rationalisme des Lumières et la naissance du réalisme.
    • Le conte passe à l'écrit et à la littérature au moment où il disparaît du folflore : il s'inscrit alors dans chaque littérature nationale et dans leurs relations entre elles. Les contes du folklore, essentiellement oraux, présentent des ressemblances et des appels de sens de contes à contes, de continents à continents et de millénaires à millénaires.
    • En France, le conte littéraire correspond à une mode fulgurante qui explose au moment où Louis XIV monte sur le trône : " Le début du règne de Louis XIV est placé sous le signe d'une mode qu'on peut qualifier de féérique : le goût du merveilleux a envahi tous les domaines. Arts et lettres, loisirs et modes- ce qu'on appelle aujourd'hui une culture- sont fortement marqués par une esthétique baroque, venue d'Italie, qui privilégie la fantaisie par la mise en scène de l'Illusion. Tandis que le jeune roi "Soleil" aime à se montrer en Apollon, dans les jardins de son fastueux palais en construction on mitonne des îles vertes, des princesses plus belles que le jour et des fées dispensatrices de tous les dons."(Présentation des contes de Perrault- Pocket classique). 
    • En 1862, le roi a vieilli, il subit l'influence austère de Madame de Maintenon, particulièrement dévote. Les courtisans fuient Versailles qui a perdu sa pompe et ses fêtes somptueuses, pour se réfugier dans les salons parisiens où l 'on se distrait avec des jeux littéraires.  Un tout nouveau-né, qui puise ses origines dans récits plus anciens, fait fureur : le conte littéraire. Son existence sera brève : quelques cent soixante-quinze ans séparent les contes de Perrault (1697) de la publication des contes d'Andersen (1835-1872). Mais si cette vague qui submerge la littérature est courte, elle n'en est pas moins gigantesque : dix recueils de contes merveilleux voient le jour entre 1695 et 1699. 

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    Charles Perrault

    • De nombreuses conteuses et quelques conteurs se lancent dans l'aventure, mais une figure domine, celle de l'académicien Charles Perrault (1613-1688), qui  est le premier à donner au conte ses lettres de noblesse, avec ses Histoires ou Contes du temps passé, ou Contes de ma Mère L'Oye, bref recueil de huit contes pris dans "la matière de France" :  La Belle au bois dormantRiquet à la houppe, La Barbe bleue, Cendrillon, Le Petit chaperon rouge, Le Chat Botté, Les Fées, Le Petit Poucet. Apparemment destiné à instruire les enfants, les contes de Perrault s'adresse en réalité aux adultes. Ils comportent de nombreux sous-entendus et allusions sexuelles : "On sait que les mondains privilégient l'équivoque : c'est à eux que s'adressent les pointes d'humour, les mots d'esprit (visant souvent les femmes) et les allusions grivoises qui parsèment chaque récit, comme, par exemple, les euphémismes de La Belle au bois dormant et les doubles sens du Petit Chaperon rouge." ( Préface des Contes de Perrault- Ed. Pocket Classiques)

    Les Contes d'Andersen

     

    • Au XVIIe siècle, un personnage incontournable du conte merveilleux est celui de la fée, heureuse invention de cette époque. "Le XVIIe et le XVIIIe siècles procèdent, en effet , à une "féminisation" du merveilleux, le personnage de la "fée" absorbe celui de la "sorcière", qui devient "la mauvaise fée", ainsi que celui de la marraine et du parrain, puissances  tutélaires qui marient les jeunes filles. Les fées deviennent jeunes, belles, élégantes, rayonnantes d'un charme tout mondain." ( W. Troubetzkoy). C'est ainsi que le conte merveilleux prend communément le nom de Conte de Fées.

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    Cendrillon- Edmond Dulac

     

    • De 1704 à 1717, Antoine Galland traduit et publie Les Mille et une Nuit, contes élaborés dans le monde islamique du IXe au XIVe siècles, à partir de contes d'origines diverses : persans, hindous, égyptiens, babyloniens. Ils entrent ainsi de plein pied dans la littérature, avec un succès jamais démenti.

    Les Contes d'Andersen

    • L'âge d'or du conte de fée français s'achève par une impressionnante compilation de 41 volumes, édité de 1785 à 1789 par le chevalier Charles-Joseph de Mayer, regroupant une quarantaine d'auteurs, parmi lesquels Perrault occupe la place la plus importante : Le Cabinet des fées, Collection choisie des contes de fées ou autres contes merveilleux.

     

     

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    Les frères Grimm 

    • En Allemagne, au XIXe siècle, les frères Grimm, Jakob (1785-1863) et Wilhem (1786-1859), savants allemands, spécialistes du langage, publient, entre 1812 et 1815 Les Contes d'enfants et du foyer. Il s'attachent  à collecter des histoires recueillies auprès de conteurs oraux, sans réelle inventivité de leur part,  mais qui amènent un véritable regain d'intérêt pour le conte populaire un peu délaissé au XVIIIe siècle. Les deux frères considèrent les contes allemands "comme l'expression de la vérité nationale germanique, poésie naturelle et parole de Dieu." ( Wladimir Troubetzkoy) Ils sont les auteurs, entre autres, de : Hans et Gretel, Blanche-Neige et les sept nains, une autre version de La Belle au bois dormant. Traduits dans plusieurs langues, ces contes suscitent des vocations dans toute l'Europe.

     

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    Hans Christian Andersen

    • Le Danois Hans Christian Andersen, écrivain éclectique, à la fois poète, romancier et dramaturge, connaîtra la célébrité grâce à ses contes, publiés tout au long de sa vie, et qui lui vaudront le titre de citoyen d'honneur d'Odense, sa ville natale.

     

    III- L'originalité des contes d'Andersen :

    1. Des influences et inspirations diverses :
    • Les traditions nordiques : auteur de plus de 160 contes, Andersen puise tout d'abord dans les traditions de son pays, dans des nouvelles comme La Reine des Neiges ou La Vierge des Glaces.
    • la veine autobiographique : mais il s'inspire également de son vécu, de ses expériences personnelles ou de rencontres fortuites. " Toutes les facettes  du personnage "Kaléidoscopique" d'Andersen se retrouvent dans ses contes : la pauvreté de La petite fille et les allumettes, la vulnérabilité et la détermination du Vilain petit canard, les amours impossibles de La petite sirène, l'incapacité du Porcher à se faire aimer pour ce qu'il est véritablement." (Mariel Morize-Nicolas)

    Les Contes d'Andersen

     Les Contes d'AndersenLes Contes d'Andersen

           

     

        

     

     

     

     

     

                       

    2. Un style personnel

    • Oralité : Les marques d'oralité sont particulièrement présentes dans les contes d'Andersen. L'écrivain avait l'habitude de lire ses contes à voix haute, aux enfants et à ses amis. Ainsi le narrateur s'adresse-t-il couramment au lecteur pour le rendre partie prenante de l'histoire, pour retenir son attention, pour accentuer un effet, comme le faisaient les conteurs lors de veillées au coin du feu. Les animaux parlent avec naturel, et il n'hésite pas à truffer son discours d'onomatopées, dans un registre familier : "Platsch", "Rap-Rap"...
    • un dénouement original : la morale n'est jamais exprimée à la fin du conte, contrairement à Perrault qui conclut son récit par une leçon ou une formule moralisante. C'est au lecteur de tirer un enseignement de l'histoire. Le dénouement , par ailleurs, n'est pas toujours heureux. Nous sommes loin de l'habituel sentence "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
    • la classification d'Andersen :

    - les "eventyr" : contes de fées, comprenant des éléments magiques, merveilleux

    - les "historie" : de courtes nouvelles, proches des fables, comme La petite fille aux allumettes par exemple.

     


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  •  Biographie

    Jean de La Bruyère

    1645-1696

     

    Jean de La bruyère est un auteur classique du XVIIe siècle. Il appartient au vaste courant moraliste qui traverse le grand siècle.

    Enfance et formation:  

    - Né à Paris le 17 août 1645, dans une famille appartenant à la petite bourgeoisie.

    - Il fait des études de droit et devient avocat au barreau de Paris, mais il ne semble pas qu'il ait jamais exercé sa profession.

    Carrière :

    - En 1673 il acquiert un office de trésorier des finances de la généralité de Caen, qui l'occupe fort peu et lui permet de demeurer à Paris où il mène une vie indépendante faite de lecture et de méditation.

    - L'année 1684 marque un tournant dans son existence : grâce à la recommandation de son ami Bossuet, le célèbre homme d'église dijonnais, grand orateur et précepteur du dauphin, il obtient le poste de précepteur du duc de Bourbon, petit-fils du grand Condé. Il découvre alors le monde des puissants, qu'il va pouvoir côtoyer et observer de près. Parvenus ou princes de sang, les grands de ce monde se révèlent être des seigneurs arrogants, présomptueux et parfois même violents. Le rapport qu'il entretient avec les Condé est pénible : bien que sa charge soit honorable, La Bruyère souffre dans sa fierté. Mais ce préceptorat peu gratifiant, son élève étant par ailleurs mou, indolent, peu zélé, lui donne l'occasion de préparer une "étude" des hommes et de la cour, avec un talent et une perpicacité remarquables.

    Biographie                                         Biographie         

                                             Bossuet                                                                     Louis de Bourbon, le grand Condé

     

    - Dans la querelle des anciens et des modernes, il prend le parti pour les anciens. Lors de son discours de réception à l'Académie Française en 1693, il attaque ouvertement les "modernes" et vante les mérites des "anciens" partageant les convictions de La Fontaine, Boileau, Racine et de son ami Bossuet.

     

    Oeuvre :

    - Fidèle à l'esprit et à l'esthétique classiques, La Bruyère présente tout d'abord son oeuvre comme une simple imitation d'un ouvrage antique, Les Caractères de Théophraste. Cependant, Les Caractères de La Bruyère n'ont que très peu de choses en commun avec leur "modèle" plus ancien. Il s'agit bien d'une œuvre originale où le talent satirique de l'auteur  et son don d'observation s'expriment avec brio.

    - Les Caractères ou moeurs de ce siècle seront édités huit fois, de 1688 à 1694, et une neuvième fois à titre posthume, bénéficiant à chaque reprise de nombreux ajouts. Composé de portraits incisifs et de remarques générales du style de  La Rochefoucauld, cet ouvrage remporte un succès immédiat. Ces portraits si vivants et caustiques occupent les conversations dans les salons, où l'on cherche à démasquer quels personnages célèbres se cachent derrière ces caricatures impitoyables. La Bruyère ridiculise ainsi non seulement des vices humains  mais également les comportements outranciers ou abjects de certains groupes sociaux.

     

     

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