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    I- Circonstances de la création de D.J :

    • Une pièce polémique créée dans l'urgence :

    - son Tartuffe vient d'être interdit de représentation, accusé d'attaquer l'église et la religion (en réalité, c'est aux faux dévots, à l'hypocrisie que Molière s'en prend). Même la protection du roi ne sera pas suffisante et il lui faudra amender son texte et attendre cinq ans avant d'obtenir enfin l'autorisation de jouer sa pièce. Molière est auteur, comédien mais aussi directeur de troupe. Il ne peut laisser ses acteurs sans travail. Il lui faut de toute urgence mettre en scène une nouvelle comédie  : Dom Juan ou l'invité de pierre, de l'espagnol Tirso de Molina , a été reprise à Paris par différents dramaturges qui s'adonnent à des réécritures de cette oeuvre très à la mode. Molière s'empare du sujet, mais, à nouveau, s'engage sur un terrain périlleux.

    - blessé par la cabale de l'église contre Tartuffe, Molière ne lâche pas prise et règle ses comptes : il dénonce une fois de plus l'hypocrisie religieuse avec la fausse conversion de D.J à l'acte V. Cependant, il va encore plus loin et fait de D.J un personnage fascinant et libre penseur, un personnage immoral, libertin d'esprit et de corps, un personnage éloquent, spirituel, complexe :athée ? impie? hérétique, comme l'affirme son valet Sganarelle?

    • Une pièce autocensurée :

    - créée le 15 février 1665, la pièce connait un succès immédiat. Mais dès la première, Molière fait l'objet de violentes attaques et s'autocensure : il supprime la scène du pauvre et remanie certains dialogues.

    - il retire sa pièce de la scène après seulement quinze représentations ( violentes pressions? Doutes personnels quant à la portée de cette oeuvre? "Recommandations" du roi?). Aucune explication n'est donnée.

    - c'est la seule pièce de Molière non publiée de son vivant.

     

    II- Une pièce irrégulière, dite "baroque" :

    • Une pièce à machines :

    - cette pièce fait intervenir des éléments merveilleux  basés sur des trucages et des effets spéciaux. Elle va à l'encontre de la vraisemblance exigée par le théâtre classique : un spectre porte-parole de Dieu, une statue qui bouge et qui parle, les flammes de l'enfer qui consument D.J

    • Mélange des genres :

    - pièce à la fois comique, notamment à travers les bouffonneries de Sganarelle; farcesque : D.J et Charlotte; D.J et Pierrot; tragique : le destin ne cesse de s'annoncer de scène en scène, par les nombreux avertissements que reçoit D.J, d'Elvire, de son valet, de son père...

    • Non respect des trois unités :

    - multitudes d'actions : l'histoire n'est pas basée sur une seule intrigue mais sur une succession d'épisodes, indépendants les uns des autres, et qui visent à présenter D.J en action et dans sa perpétuelle fuite en avant, en quête...de quoi? De Dieu? De l'idéal féminin? D'absolu, de quelque chose à sa mesure? on pourrait retirer de nombreuses scènes ( les paysannes sur la plage, M. Dimanche, le rencontre avec les frères d'Elvire), sans que l'intrigue principale n'en soit bouleversée.

    - plusieurs lieux : dans le palais de D.J, sur la plage, dans la forêt, aux portes de la ville...

    - plus de vint-quatre heures

     

    III- D.J :Un personnage difficile à cerner , très (trop?) charismatique.

    Condensé d'après la fiche 2 de l'édition Classiques et cie, qui résume bien le personnage :

    • Le séducteur :

    - multiplie les conquêtes amoureuses, insatiable, attiré par toutes les femmes sans distinction.

    - excellent acteur, s'adapte à son interlocutrice et répond à ses attentes.

    - c'est le plaisir de la conquête qui l'anime. Une fois séduite, la femme ne l'intéresse plus. Il se compare à Alexandre le grand.

    • Un homme fascinant :

    - tout le monde succombe à son charme : les paysannes, Elvire, jeune fille noble qu'il convainc d'échapper au couvent, Don Carlos qui renonce à le tuer par deux fois, M.Dimanche qui perd tous ses moyens face à lui.

    - une relation ambivalente d'attraction-répulsion :

    Sganarelle, qui craint son maître et le désapprouve,  subit néanmoins son ascendant tout au long de la pièce.

    Le spectateur ne peut que condamner cet homme égoïste, menteur, qui trompe les femmes sans état d'âme, qui se montre violent envers son fidèle valet ou avec Pierrot, qui lui a pourtant sauvé le vie. Mais en même temps, il fascine par sa virtuosité verbale, sa liberté d'esprit, son assurance, son courage ( le duel / face à la statue et au spectre).

    • Un provocateur :

    1. Le rejet des normes sociales qui structurent la société du XVIIe :

    - Ne respecte pas la famille : se moque du mariage ( se vante d'être "un épouseur  à toutes mains" comme le dit Sganarelle). Il ne respecte pas non plus son père et se moque de lui.

    - Ne respecte pas les morts : il se moque du tombeau du commandeur.

    - Il bafoue le sens de l'honneur : il gifle Pierrot qui l'a sauvé de la noyade alors que Don Carlos épargne Don Juan par gratitude.

    - Ce n'est pas un homme de parole : il ne tient pas ses promesses ( de mariage : il abandonne Elvire après l'avoir sortie du couvent et déshonorée). Il ne paie pas ses dettes à M. Dimanche.

    2. Le rejet des normes religieuses :

    - La charité : pas de pitié envers le mendiant : au contraire, il lui fait du chantage et l'oblige à blasphémer, à insulter Dieu en échange d'une aumône.

    - les sacrements : le caractère sacré du mariage et des  obsèques importe peu au libertin.

    - les croyances : il rejette haut et fort les dogmes chrétiens. Il se moque d'un Dieu qui ne secourt pas ceux qui l'implorent et ne croit qu'en "deux et deux font quatre".

    3. Une figure d'égoïste :

    - Il manifeste ouvertement son mépris pour les autres : par des mots cruels, sans pitié ( il se moque d'Elvire sans aucune compassion pour sa souffrance)  ou par des silences glaçants qu'il oppose à la supplication passionnée d'Elvire ou à la diatribe furieuse de son père.

    - L'instrumentalisation des autres : il est indifférent à ce que les autres peuvent ressentir et ne les considèrent que comme des objets de son plaisir ( il inspecte Charlotte comme un animal vendu au marché) ou comme des outil qui lui servent à couvrir ses dérobades ou sa lâcheté ( il ordonne à Sganarelle de prendre sa place quand il est menacé dans la forêt, ou il l'envoie parler à la statue ou répondre à sa place  à Elvire).

    Don Juan est donc un libertin dans les deux sens du termes : un libre penseur, un incroyant, et un séducteur immoral qui se sert des autres pour son plaisir.

    Il est châtié par Dieu à la fin de la pièce, mais le dénouement est ambigu : il sombre en enfer, mais aura résisté jusqu'au bout, sans demander clémence, sans se repentir. Son panache l'auréole, surtout face à un Sganarelle stupide et lâche, représentant la croyance superstitieuse et la morale naïve!

     

    Attention : Le titre de la pièce s'écrit avec un "m" : Dom Juan

                           Le nom du personnage éponyme avec un "n" : Don Juan

     

     Vocabulaire :

    un impie : qui outrage la religion (= blasphémateur, sacrilège)

    un athée : incroyant, qui nie l'existence de Dieu

    un hérétique : qui soutient des opinions contraires à celles considérées comme vraies par le religion.

     


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  • Un roman qui illustre de façon narrative la théorie philosophique de l'absurdité de l'existence humaine.

    "Aujourd'hui, maman est morte? Ou peut-être hier, je ne sais pas".

    Cette première phrase de l'incipit annonce de façon on ne peut plus concise et percutante la suite du récit. Meursault se rend à l'asile mais il refuse de voir sa mère. Il boit du café, fume, reste devant le cercueil fermé comme "ailleurs", comme s'il n'était concerné que de très loin par le décès de sa mère.

    Et c'est en fait l'attitude  de Meursault, comme indifférente, insensible, impassible, qui sera condamnée lors du procès, plus que le meurtre de l'arabe : celui qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère est un monstre. Celui qui ne s'intègre pas à la société, qui ne dit rien, est une sorte de criminel. Meursault est étranger aux autres, étranger à lui-même. Il subit son existence. Le meurtre de l'arabe n'a pas plus de sens que son existence, que sa liaison avec Marie. Meursault semble une plante qui se nourrit du soleil, de l'air, qui bouge parce qu'il faut bouger, sans but ni raison précise. 

    "C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu". C'est une réaction physique, une tension due à la chaleur, à l'aveuglement d'une lumière trop intense qui le fait appuyer sur la gâchette. 

    Alain Robbe-Grillet, auteur appartenant au courant du Nouveau Roman écrit : " On éprouve la sensation choquante d'avoir pénétré dans une conscience tournée de façon exclusive vers le dehors, sensation inconfortable et paradoxale s'il en fût, puisque justement cette conscience-là n'aurait pas d'intérieur", pas de "dedans", elle est sans cesse projetée  hors de soi". ( Le Magazine Littéraire)

    Ce n'est pas une conscience vide, mais une conscience vidée :  Meursault s'abstient de reproduire les sentiments faits d'avance, les paroles convenues et les lois codifiées. 

     

     

    Un style déroutant :  un point de vue externe dans un point de vue interne, qui illustre l'incompréhension entre l'Homme et le monde.

    Les phrases adoptent un ton neutre, monotone, sans aucun procédé stylistique particulier : comme une énonciation basique et blanche : "Les phrases courtes, neutres, presque métalliques de l'Etranger, cette impression permanente qu'a Meursault d'être le figurant maladroit d'une pièce qu'il ne comprend pas et dont on lui demande de jouer le rôle principal, illustrent en effet plus efficacement qu'un traité l'ennui existentiel et le sentiment de l'absurde".

    Pour Camus, l'absurde naît de la confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde à son égard. L'Homme ressent une soif de comprendre le monde; ce dernier a peut-être un sens, mais il reste opaque aux hommes.

    Pourquoi Meursault, à la fin du roman, se sent-il enfin le cœur léger? Parce qu'il ressent précisément le détachement de sa part humaine et qu'il entre dans "la tendre indifférence du monde".

     

     

     


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  • Un lien très utile et pratique qui vous permettra de mieux comprendre l'intrigue. 

    Il précise le contexte dans lequel la pièce a été créée, il vous propose une présentation des personnages ainsi qu'un résumé de l'histoire.

    Vous y trouverez  l'intégralité du texte si vous désirez lire en ligne cette grande comédie.

    Vous pouvez également visionner les deux diaporamas sur la Comédie Française. (Cf. Rubrique Voyages Culturels sur le menu de gauche)

    http://www.nikibar.com/publications/jean-baptiste-poquelin-moliere.html#17e


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  • Une vidéo insolite : Vous parlez vraiment ainsi?

    Une vidéo insolite qui rencontre un grand succès : L'élégant , charismatique et flegmatique acteur Jean Rochefort nous présente le roman de Flaubert Madame Bovary  en langage "djeuns".       Stupéfiant! 

                                                 


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  • Ménager Julien et Loubet Hugo (mai 2015)

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    Bon Rémi -2.7 (mai 2015) 

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    Lercier Léo et Esnault Robin- 2.7 (mai 2015) 

     Martelet Antoine - 2.4 (mai 2015)

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