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    • Notre ami Montaigne

         
      Le 13 septembre 1592 mourait Michel de Montaigne. Et cette âme "la plus libre et la plus vigoureuse qui fût" dira Nietzche, entrait immédiatement dans la légende -et le malentendu. Auteur d'un livre unique, les "Essais", nul ne sera plus encensé, plus pillé, plus honoré, plus vilipendé que Montaigne. Aujourd'hui qu'on l'acclame, il fait tout de même parfois triste mine sous l'épais barbouillis des commentaires. Aussi avons-nous voulu, en cette année d'anniversaire, tout simplement le redécouvrir. Un homme étonnant est apparu. Vivant, comme nous, en un siècle débordé, il a su et ne pas se perdre de vue et ne pas transiger sur l'amitié, la véracité, l'horreur de la cruauté et le maintien de la paix. En d'autres termes, sans donner de leçons, il nous enseigne l'essentiel.

      Journal des Alliances Françaises au Mexique- Mars 1992

       

      ÂME

      1. Les âmes des Empereurs et des savetiers sont jetées à même moule (II, XII).

      AMITIÉ

      Si l'on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était moi. (I, XXVIII)

      BARBARIE

      Chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage.

      Essais, I, 28, De l'amitié
      Read more at http://www.dicocitations.com/auteur/3132/Michel_Eyquem_de_Montaigne.php#LToebKei6oUibgY7.99
      Il n'est rien qui n'imprime si vivement quelque chose en notre souvenance que le désir de l'oublier.
      Essais, II, 12, Apologie de Raimond Sebond
      Read more at http://www.dicocitations.com/auteur/3132/Michel_Eyquem_de_Montaigne.php#LToebKei6oUibgY7.99

      CRUAUTÉ

      Les exécutions mêmes de justice, pour raisonnables qu'elles soient, je ne les puis voir d'une vue ferme (...) (II,XI)

      FANATISME

      Aux présents brouillis (désordres) de cet Etat, mon intérêt ne m'a fait méconnaître ni les qualités louables en nos adversaires, ni celles qui sont reprochables en ceux que j'ai suivis (III,X).

      FRANÇAIS

      Mettez trois Français aux déserts de Libye, ils ne seront pas moins ensemble sans (...) s'égratigner (II, XXVII)

      HOMME 

      Les hommes sont tous d'une espèce, et sauf le plus et le moins, se trouvent garnis de pareils outils et instruments pour concevoir et juger ( I, XIV).

      Qui se connaît , connaît aussi les autres, car chaque homme porte le forme entière de l'humaine condition.

      LOI

      Les lois se maintiennent en crédit, non parce qu'elles sont justes, mais parce qu'elles sont lois. C'est le fondement mystique de leur autorité; elles n'en ont point d'autre. Qui leur sert bien (II,XIII).

      OUBLI

      Il n'est rien qui n'imprime si vivement quelque chose en notre souvenance que le désir de l'oublier

      Il n'est rien qui n'imprime si vivement quelque chose en notre souvenance que le désir de l'oublier.
      Read more at http://www.dicocitations.com/auteur/3132/Michel_Eyquem_de_Montaigne.php#LToebKei6oUibgY7.99

      VIE

      Pour moi donc, j'aime la vie et la cultive telle qu'il a plu à Dieu nous l'octroyer (III,XIII)

      VOLUPTÉ

      Quoi qu'ils disent   (les philosophes), en la vertu même, le dernier but de notre visée, c'est la volupté. Il me plaît de leur battre les oreilles de ce mot qui leur est si fort à contrecœur (I,XX). 

      Cf la suite dans le menu de droite, "Citations". Les citations sont extraites du Petit vade-mecum* Montaigne  composé par Claude Barouste (Actes Sud).

      -*un "vade mecum" ( = "viens avec moi") est un petit manuel, un guide que l'on emporte avec soi pour le consulter-

      C'est une absolue perfection, et comme divine, de savoir jouir loyalement de son être. Nous cherchons d'autres conditions, pour n'entendre l'usage des nôtres, et sortons hors de nous, pour ne savoir quel il y fait. Si, avons nous beau monter sur des échasses, car sur des échasses encore faut-il marcher de nos jambes. Et au plus élevé trône du monde, si ne sommes-nous assis que sus notre cul.

       

       


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  • Florilège des Essais

     

                                                                                    Bibliothèque de Montaigne 

     

    ÂME

    1. Les âmes des Empereurs et des savetiers sont jetées à même moule (II, XII).

    AUTEUR

    Tout fourmille de commentaires;  d'auteurs, il en est grande cherté ( disette, pénurie) (III,XIII)

    CORPS

    Le corps a une grand'part à notre être, il y tient un grand rang (...). Ceux qui veulent déprendre (séparer) nos deux pièces principales et les séquestrer l'une de l'autre, ils ont tort. Au rebours, il les faut raccoupler et rejoindre. Il faut ordonner à l'âme, non de se tirer à quartier, de se tenir à part, de mépriser et abandonner le corps, mais de se rallier à lui, de l'embrasser, le redresser quand il fourvoie, l'épouser en somme et lui servir de mari (II,XVII).

    CRUAUTÉ

    Les exécutions mêmes de justice, pour raisonnables qu'elles soient, je ne les puis voir d'une vue ferme (...) (II,XI)

    ETRE

    Finalement, il n'y aucune constante existence, ni de notre être, ni de celui des objets. Et nous, et notre jugement, et toutes choses mortelles, vont coulant et roulant sans cesse (II,XII).

    FANATISME

    Aux présents brouillis (désordres) de cet Etat, mon intérêt ne m'a fait méconnaître ni les qualités louables en nos adversaires, ni celles qui sont reprochables en ceux que j'ai suivis (III,X).

    FRANÇAIS

    Mettez trois Français aux déserts de Libye, ils ne seront pas moins ensemble sans (...) s'égratigner (II, XXVII)

    GUERRE

    Il y a grand amour de soi et présomption d'estimer ses opinions jusque-là que, pour les établir, il faille renverser une paix publique, et introduire tant de maux inévitables et une si horrible corruption des moeurs que les guerres civiles apportent (II,XXIII)

    HOMME 

    Les hommes sont tous d'une espèce, et sauf le plus et le moins, se trouvent garnis de pareils outils et instruments pour concevoir et juger ( I, XIV).

    Qui se connaît , connaît aussi les autres, car chaque homme porte le forme entière de l'humaine condition.

    JUSTICE

    Combien ai-je vu de condamnations plus crimineuses que le crime? ( III,XIII).

    LOI

    Les lois se maintiennent en crédit, non parce qu'elles sont justes, mais parce qu'elles sont lois. C'est le fondement mystique de leur autorité; elles n'en ont point d'autre. Qui leur sert bien (II,XIII).

    MONDE

    (Citoyen du) J'estime tous les hommes mes compatriotes, et embrasse un Polonais comme un Français, postposant cette liaison nationale à l'universelle et commune (III,IX).

     

    MONTAIGNE

    Mon métier et mon art, c'est vivre (II,VI).

    Je suis d'une taille un peu au-dessous de la moyenne. Ce défaut n'a pas seulement de la laideur, mais encore de l'incommodité, à ceux mêmement (surtout) qui ont des commandements et des charges ; car l'autorité que donne une belle présence (prestance) et majesté corporelle en est à dire (fait défaut)...C'est un grand dépit qu'on s'adresse à nous parmi vos gens pour vous demander : Où est monsieur? Et que vous n'ayez que le reste de la bonnetade (salut) qu'on fait à votre barbier ou à votre secrétaire(...) J'ai au demeurant la taille forte et ramassée; le visage non pas gras, mais plein; la complexion entre le jovial et le mélancolique, moyennement sanguine et chaude, "Unde rigent setis michi crura, et pectora villis" ("D'où mes jambes hérissées de poils et ma poitrine velue." Martial) La santé forte et allègre, jusque bien avant dans mon âme (II,XVII).

     

    NOUVEAU MONDE

    Notre monde vient d'en trouver un autre ( et qui nous répond si c'est le dernier de ses frères?...) non moins grand, plein et membru que lui, toutefois si nouveau et si enfant qu'on lui apprend son a,b,c : il n'y a pas cinquante ans qu'il ne savait ni lettres, ni poids, ni mesure, ni vêtements, ni blé (céréales) ni vignes. Il était encore tout nu au giron...Bien crains-je que nous aurons fort hâté sa déclinaison et sa ruine par notre contagion, et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts (III,VI).

    PARIS

    Je l'aime tendrement, jusques à ses verrues et à ses taches. Je ne suis Français que par cette grande cité... (III,VI)

    PHILOSOPHIE

    On a grand tort de la (la philosophie) peindre inaccessible aux enfants, et d'un visage renfrogné, sourcilleux et terrible. Qui me l'a masquée de ce faux visage, pâle et hideux? Il n'est rien plus gai, plus gaillard, plus enjoué, et à peu que je ne dise folâtre. Elle ne prêche que fête et bon temps (I,XXVI).

    VIE

    Pour moi donc, j'aime la vie et la cultive telle qu'il a plu à Dieu nous l'octroyer (III,XIII)

    VOLUPTÉ

    Quoi qu'ils disent   (les philosophes), en la vertu même, le dernier but de notre visée, c'est la volupté. Il me plaît de leur battre les oreilles de ce mot qui leur est si fort à contrecœur (I,XX). 

     


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  • « Dans la réalité, dans le monde […], il n’y a évidemment que du plus ou du moins. Pour réaliser approximativement certaines valeurs il faut faire des concessions, et d’autre part, certains désirs, certaines valeurs restent à l’état d’aspiration. En face de ce monde que nous appellerons le monde du relatif, se dresse l’homme tragique avec son exigence d’absolu, qui juge ce monde avec la catégorie du tout ou rien, et pour lequel ce qui n’est pas tout est par cela même rien. Or, comme le monde n’est jamais tout, il ne peut être que rien. C’est dire que dans la tragédie le conflit entre le héros et le monde est radical et insoluble. »

    Lucien Goldmann, Le Théâtre tragique 

    L'Homme tragique

     

    "Il  n'y a que le vraisemblable qui touche dans la tragédie. Et quelle vraisemblance y a-t-il  qu'il arrive en un jour une multitude de choses qui pourraient à peine arriver en plusieurs semaines? Il y en a qui pensent que cette simplicité est une marque de peu d'invention. Ils ne songent pas qu'au contraire toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien, et que tout ce grand nombre d'incidents a toujours été le refuge des poètes qui ne sentaient dans leur génie ni assez d'abondance ni assez de force pour attacher durant cinq actes leurs spectateurs par une action simple, soutenue de la violence des passions, de la beauté des sentiments et de l'élégance de l'expression. Je suis bien éloigné de croire que toutes ces choses se rencontrent dans mon ouvrage ; mais aussi je ne puis croire que le public me sache mauvais gré de lui avoir donné une tragédie qui a été honorée de tant de larmes, et dont la trentième représentation a été aussi suivie que la première.

    Ce n'est pas que quelques personnes ne m'aient reproché cette même simplicité que j'avais recherchée avec tant de soin. Ils ont cru qu'une tragédie qui était si peu chargée d'intrigues ne pouvait être selon les règles du théâtre. Je m'informai s'ils se plaignaient qu'elle les eût ennuyés. On me dit qu'ils avouaient tous qu'elle n'ennuyait point, qu'elle les touchait même en plusieurs endroits et qu'ils la verraient encore avec plaisir. Que veulent-ils davantage? Je les conjure d'avoir assez bonne opinion d'eux-mêmes pour ne pas croire qu'une pièce qui les touche, et qui leur donne du plaisir, puisse être absolument contre les règles. La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. Mais toutes ces règles sont d'un long détail, dont je ne leur conseille pas de s'embarrasser. Ils ont des occupations plus importantes." Racine-extrait de la préface de Bérénice, 1671.

    L'Homme tragique

     


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  • Toute vraie passion ne songe qu'à elle.

    La passion peut se comparer à la loterie  : duperie certaine et bonheur cherché par les fous.

    Stendhal.

    « Dans ce si grand malheur, que vous reste-t-il ?-Moi ! Moi, dis-je, et c’est assez. »

    Médée, Corneille.

     

     Mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux, mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.

    Alfred de Musset- On ne badine pas avec l'amour. 

     

    L'Homme croit souvent se conduire lorsqu'il est conduit; et pendant que par son esprit il tend à un but, son cœur l'entraîne insensiblement à un autre. (Maxime XLIII- 43)

    Ceux qui ont de grandes passions se trouvent toute leur vie heureux et malheureux d'en être guéris (CCCCLXXXV- 485)

    L’amour, aussi bien que le feu, ne peut subsister sans un mouvement continuel ; et il cesse de vivre dès qu’il cesse d’espérer ou de craindre (LXXV- 75)

    La Rochefoucauld, Réflexions ou Sentences et Maximes morales- (1678)

     

    Qui voudra connaître à plein la vanité de l’homme n’a qu’à considérer les causes et les effets de l’amour. La cause en est un je-ne-sais-quoi (Corneille). Et les effets en sont effroyables. Ce je-ne-sais-quoi, si peu de chose qu’on ne peut le reconnaître, remue toute la Terre, les princes, les armées, le monde entier.

    Le nez de Cléopâtre s’il eût été plus court, toute la face de la Terre aurait changé. (392)

    Blaise Pascal- Pensées-(1670)

     

    Je l’aime avec passion et c’est ce qui fait que j’en tremble !

    Dorante, dans Les Fausses Confidences-(I-2)- Marivaux

     

    Et pourquoi ne pas m’aimer Madame l’impudente ?

    Arnolphe, dans L’Ecole des Femmes- Molière

     

    Plus un caractère est fort, moins il est sujet à l’inconstance (38) L’amour est comme la fièvre, il naît et s’éteint sans que la volonté y ait la moindre part

    Stendhal : De l’amour 

     

     

     

     

     

     

     


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  • I- Les Contes philosophiques de Voltaire

    Candide

    Candide

    CandideCandide

    Candide

     

     



     



     

     

        Les contes philosophiques de Voltaire  ne sont pas seulement des leçons de sagesse - Il faut cultiver son jardin- mais des  critiques virulentes contre l'intolérance et les injustices; ils abordent aussi bien des questions religieuses que politiques.

        Au XVIIIe siècle, de nombreux écrivains qui prennent des positions audacieuses sont obligés de déjouer la censure ou de s'exiler momentanément afin d'éviter les cachots de la Bastille ou du Donjon de Vincennes. On imprime les ouvrages séditieux à l'étranger, on publie anonymement ou sous un pseudonyme. Voltaire, esprit libre,  impertinent et subversif s'il en faut, passe rapidement maître dans l'art de l'esquive. Il est prêt à tout pour continuer à défendre la vérité, et il sera contraint de développer bien des stratégies au cours de sa longue vie de philosophe : il s'installe à proximité des  frontières avec la Suisse et la Savoie, prêt à fuir au moindre signe annonciateur de représailles. La Bastille, il y a goûté dans sa jeunesse ; ses Lettres Philosophiques ont été condamnées par le parlement et brûlées. Voltaire est disposé à nier la paternité de ses œuvres afin de rester libre et poursuivre ses combats. Après la mise en circulation du Dictionnaire philosophique, il écrit à d'Alembert, son ami :"Dès qu'il y aura le moindre danger, je vous demande en grâce de m'avertir afin que je désavoue l'ouvrage dans tous les papiers publics avec ma candeur et mon innocence ordinaires".

         Pour Candide, Voltaire adopte la même conduite et attribue la rédaction de l'ouvrage au frère de Candide et la traduction à un prétendu docteur Ralph. Comme on s'obstine à reconnaître sa plume dans ce petit récit ironique, il s'amuse à le désavouer : " Qui sont ces oisifs qui m'imputent cette plaisanterie d'écolier (...).  J'ai vraiment bien d'autre chose à faire". ( Lettres à Formey et Thériot, 1759). Au pasteur Vernes, il écrit :"Il faut avoir perdu le sens pour m'attribuer cette coïonnerie; j'ai, Dieu merci, de meilleures occupations."

    II- Candide ou l'optimisme :

    Candide

    Le sous-titre de Candide se réfère à la philosophie de Leibniz, philosophe et mathématicien allemand. Sa démonstration de la comptabilité du mal avec l'existence de Dieu s'oppose à la doctrine chrétienne :

    Justification du mal dans la religion catholique :

    • L'Homme a commis la faute originelle. Déchu, il est chassé du Paradis.
    • Dieu inflige une punition à l'homme pécheur : il gagnera son pain à la sueur de son front et sa compagne enfantera dans la douleur.
    • Il faut obéir aux autorités auxquelles Dieu a ici-bas délégué son pouvoir pour ne pas faire obstacle à la volonté divine.

    Justification du mal dans la philosophie optimiste :

    Leibniz, en 1710, élabore un véritable système qui rencontre un immense succès dans toute l'Europe. Ce système s'accorde avec la suprématie de la raison et de la logique à l'époque des Lumières:

    • Si Dieu existe, il est parfait, et il est seul parfait (sinon, ce ne serait pas Dieu). 
    • Tout ce qui n'est pas lui est nécessairement imparfait
    • Dieu est aussi tout puissant, toute bonté et justice, toute sagesse
    • Donc si Dieu existe, s'il est parfait, toute sagesse et justice, il a voulu et pu (puisqu'il est toute puissance) créer le moins imparfait des mondes possibles
    • D'où le nom de la théorie, qui vient du latin optimum (le meilleur)
    • Le monde est imparfait, mais par conséquent "le meilleur des mondes possibles".
    • Le mal apparent peut cacher un bien plus important, mais nous sommes d'infimes créatures dans l'univers de Dieu et nous ne pouvons pas comprendre les intentions de Dieu. Elles ne sont pas à notre portée.
    • Nous trouverions une explication et une justification si nous étions capables de voir l'ensemble. L'ordonnance harmonieuse du monde échappe à l'entendement du commun des mortels  :"Les phénomènes les plus déconcertants trouvent donc leur justification, vus d'en haut, et sont réglés selon une ordonnance précise et harmonieuse qui échappe au commun des mortels. Un mal apparent peut cacher un bien : ce jeune garçon qui vient de mourir serait devenu assassin ; cette maison a pris feu, mais elle cachait sous ses ruines un trésor immense, etc." Collection Profil Littérature, dirigée par G.Décote, Hatier.) 

    "La Providence", c'est alors le sage gouvernement de Dieu sur sa création

    III- Voltaire : un optimiste repenti

    Candide

    Candide

    CandideCandideCandide

      Voltaire fut à une époque de sa vie leibnizien. Il met d'ailleurs, dans la bouche de Pangloss, certaines phrases qu'il a lui-même écrites, en les modifiant juste assez pour que le grotesque en apparaisse: "Ce qui est mauvais par rapport à nous est bien dans l'arrangement général" (1738)

    Ce qui donne chez Pangloss :" Les malheurs particuliers font le bien général" ( chap.4)

    Mais Candide se nourrit de toute l'expérience d'une vie. Voltaire connait d'abord la gloire, ses livres  rencontrent un grand succès, il est reçu à la cour, dans les meilleurs salons, ses affaires personnelles et sa fortune prospèrent. En bon philosophe des Lumières, il croit au bonheur et au progrès.

    Mais peu à peu Voltaire sombre dans le pessimisme. La situation politique de la France, des catastrophes naturelles, des malheurs et des désillusions personnelles vont profondément l'atteindre : de nombreuses guerres se succèdent, où règnent la violence, la cruauté, l'absurdité. Son amie Madame du Châtelet meurt. Son expérience prussienne auprès de l'empereur Frédéric II tourne mal. Puis survient le désastre de Lisbonne. Pour lui, la Providence ne peut exister : rien ne peut justifier de telles catastrophes! 

    IV- Les Personnages :

    1. Onomastique :

    2.  Qui suis-je? :

    1. Je suis le précepteur de Candide, j'aime philosopher à propos de tout en considérant que tout est bien dans le meilleur des mondes. Même les pires catastrophes n'ébranlent pas ma foi en l'optimisme.
    2. Je suis un savant philosophe pessimiste qui accompagne Candide dans son voyage. Je me considère l'homme le plus malheureux du monde : j'ai été volé par ma femme, battu par mon fils, et abandonné par ma fille qui s'est fait enlever par un portugais. Lorsque je rencontre Candide, je viens de perdre le petit emploi duquel je subsistais et je suis persécuté par les prédicants de Surinam.
    3. Je suis une entremetteuse qui aide Candide et Cunégonde tout au long de leur périple. Je suis la fille du pape Urbain X. A quinze ans, j'ai vu mon fiancé mourir devant moi, empoisonné. J'ai ensuite été enlevée avec ma mère par des corsaires qui nous ont fait subir d'horribles souffrances, puis l'italien qui m'avait finalement sauvée m'a vendu au dey d'Alger. Par la suite, je suis devenue l'esclave de plusieurs maîtres. Au siège d'Azof, j'ai failli être mangée, avec les autres  femmes, par des guerriers turcs affamés. Mais ils se sont contentés d'amputer chaque femme d'une fesse dont ils ont fait leur repas.
    4. Je suis la grande passion de Candide. Par ma faute, Candide est chassé  du château où nous vivions. J'ai été violée et éventrée. Après m'avoir cru morte, il me retrouve à Lisbonne. A cause de moi, il connait de nouvelles mésaventures : il manque d'être poignardé et tue deux hommes.
    5. Je suis un valet débrouillard, je suis embauché par Candide à Cadix et le suit jusqu'au Paraguay.
    6. Je suis un jeune homme doux et naïf.  J'ai le jugement assez droit mais l'esprit le plus simple. Les domestiques du château me soupçonnent d'être le fils bâtard de la sœur de Monsieur le Baron.

    V- Les péripéties :

    1. Le parcours de Candide :

    • Parmi ces différents lieux, lesquels n'ont jamais été visités par Candide? (2 intrus)

    Lisbonne, Buenos Aires, Brésil, Westphalie, Paraguay, Portsmouth, En mer, Angleterre, le château de Thunder-ten-tronckh, la Hollande, Cadix, Eldorado, Venise, Genève, Espagne, Constantinople, la métairie, Surinam, Hollande.

    • Une fois extraits les deux intrus, remettez ces différents endroits dans l'ordre, selon le parcours effectué  par Candide du début à la fin du récit.
    • Quels sont les  trois endroits où Candide  a connu le bonheur?

    2. Les événements clés :

    • A quels chapitres ou péripéties ces différentes vignettes correspondent-elles?

    Candide

    Candide

    Candide

    Candide

    Candide

    CandideCandide



     

     

     

     

    Candide

    Candide

     

     

     





     

     

     

     

    VI - Une oeuvre de son temps

    Différentes préoccupations obsèdent Voltaire au moment où il écrit Candide.

     - Renseignez-vous sur ces faits : où? Quand? Comment?

     - Retrouvez-les en indiquant dans quels épisodes ces sujets sont évoqués, pour être dénoncés ou exploités contre cet optimisme désespérant qui condamne l'individu à l'inertie morale et le prive de son libre arbitre.

    • La guerre de Sept Ans.
    • Le tremblement de terre de Lisbonne
    • Le Fanatisme Religieux
    • L'Esclavage

    VII- Interprétation :

    • D'après vous, quelle est l'utilité du chapitre sur l'Eldorado?
    • Quels sont les derniers mots prononcés par Candide à la fin du conte? Comment les interprétez-vous?

    VIII- Citations :

    "l'amour, le consolateur du genre humain, le conservateur de l'univers, l'âme de tous les êtres sensibles". (Chap.4)

    "Les malheurs particuliers font le bien général, de sorte que plus il y a de malheurs particuliers, et plus tout est bien." (chap.4)

    "Qu'est-ce qu'optimisme? disait Cacambo.

    - Hélas! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal." (chap. 19)

    "Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe." (chap. 19)

    "Dans ce pays-ci il est bon de tuer de temps en temps un amiral pour encourager les  autres." (chap. 23)

    "Le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice, et le besoin." (chap. 30)

    "Il faut cultiver notre jardin". (chap. 30)

       "La fin de Candide est ainsi pour moi la preuve criante d'un génie de premier ordre. La griffe du lion est marquée dans cette conclusion tranquille, bête, comme la vie." ( Gustave Flaubert, Correspondances, 1852)

     

    Candide


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